Emmanuelle MEYSSIGNAC

CRR de Cergy

Après un diplôme de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et une Licence de lettres modernes, j’ai présenté le Conservatoire national Supérieur d’Art Dramatique dont je suis sortie à la fin des années 80, en ayant eu pour professeur Jean-Pierre Vincent, Gérard Desartes, Daniel Mesguich entre autres.
Depuis plus d’une vingtaine d’années d’exercice du métier d’actrice, j’ai fréquenté à peu près tous les types de structures , des compagnies subventionnées au théâtre privé, en passant par les théâtres de la Ville de Paris, la Comédie Française et le théâtre missionné de Chartres, sur des répertoires tant classiques (Racine, Molière, Musset , Marivaux, le théâtre élizabétain…) que contemporain (Pinter, Camus, Normand Chaurette, …et récemment Martin Crimp) dans des rôles de premier plan, avec des metteurs en scènes divers : Jean-Pierre Miquel, Jacques Kraemer, Joël Jouanneau, Patrick Schmitt, Dominique Quéhec… pour ne citer que les plus connus.
J’ai aussi fait la création de trois spectacles comme conceptrice/ metteur en scène /interprète à partir de textes de Yourcenar, Pierre Louÿs, et récemment Yasouchi Inoué, monté et interprété un spectacle de chansons françaises en duo et mis en scène Patrick Schmitt dans le Phèdre de Platon.
Je pratique régulièrement la danse contemporaine, le piano et le chant lyrique.
Contrairement au travail de plateau, l’enseignement n’a pas été pour moi une vocation première : même si j’avais passé le Diplôme d’Enseignement du théâtre au tout début de sa mise en place, j’ai commencé à enseigner un peu par inadvertance avec les compagnies avec lesquelles je travaillais sur des spectacles. C’est ainsi que j’ai animé un atelier pour adolescents suscité par le Théâtre par le bas de Jean-Luc Borg, des classes A3 et ateliers en IUFM à Chartres via la compagnie Jacques Kraemer, et des ateliers amateurs avec la compagnie Rosemonde Nomade dans le Gers.
C’est encore pour des raisons circonstancielles que je suis entrée comme assistante d’enseignement artistique au CRR de Cergy où j’ai commencé par remplacer ponctuellement Coco Felgeirolles avant qu’on me propose de prendre en charge les enfants de l‘éveil au Premier Cycle, ce que je fais depuis 2007.
J’anime également un atelier de pratique théâtrale à l’institut d’Etudes Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle en tant que chargée de cours depuis 2007.
Tout ceci pour dire que j’ai abordé l’enseignement forte d’une bonne pratique du plateau et d’une longue expérience d’actrice, à la lumière aussi des stages professionnels que j’avais suivis (danse contemporaine, Chi cong, chant lyrique, théâtre du mouvement), et de mes goûts, des difficultés et préoccupations du moment, du public concerné mais sans idée arrêtée sur le plan pédagogique .
Il en est résulté deux lignes directrices dans ma façon d’ enseigner : un travail physique et vocal basé sur une prise de conscience corporelle autour du souffle et de la détente articulaire, avec un texte contemporain en perspective choisi en fonction à la fois de ses qualités stylistiques et de son potentiel comme matériau d’expérimentation du jeu.
Les quelques années d’enseignement au CRR de Cergy auprès d’enfants et d’adolescents la plupart débutants m’ont amenée à m’interroger sur la question suivante : qu’est-ce qu’on enseigne quand on fait aborder l’art dramatique à des jeunes ou des très jeunes.
Je répondrais aujourd’hui qu’il ne s’agit pas seulement d’aborder une technique et un répertoire. Bien sûr c’est indispensable de se faire entendre, d’être concentré , de se tenir physiquement, de rendre un texte intelligible…
Mais il s’agit surtout – et a fortiori quand on n’est pas face à un public professionnalisant- de profiter de ces ateliers pour s’explorer de l’intérieur ( ce qu’on fait rarement ailleurs) expérimenter des sensations nouvelles, chercher une justesse par rapport à soi (et pas seulement en tant que pion dans le jeu social), développer l’écoute des autres et le sens de la réalisation collective, et enfin interroger le monde qui nous entoure et développer son sens critique en creusant des auteurs avec son corps et son souffle pour outils, loin des technologies qui nous rendent paresseux.